C’est toujours avec la même joie que nous rendons visite à tante Colette. Mais cette fois, c’est en qualité de reporters pour « PIRET MAGAZINE » ! En professionnels (!) nous avions annoncé notre visite, et en professionnelle, tante Colette nous avait préparé une excellente tarte aux pommes : introduction idéale à notre reportage, et dont nous vous livrons les secrets à la page suivante.



Pendant trois heures, nous avons parlé de sa vie, si riche en événements heureux et malheureux. Ceux-ci nous ont laissé l’image d’une fille, une femme, une épouse, une mère et une grand-mère essentiellement heureuse, même si elle ne cache pas des moments d’enfance difficile, des révoltes, et même si le monde (elle reste toujours fort à l’écoute) et son évolution lui donnent parfois le vertige aujourd’hui.



Voici un petit aperçu de sa vie.



A l’âge de 5 ou 6 ans, tante Colette part vivre à Nivelles chez son grand-père Ferdinand Tamigneaux, qui est seul, et elle ne passe que les week-ends à la maison. C’est à 14 ans qu’elle retrouve la vie de famille.

Elle fait ses primaires comme tous les enfants de son âge, ou presque, car elle passe les examens de 6ème en même temps que ceux de 5eme, avec des résultats évocateurs : première de classe, elle frustrait les petites bourgeoises de la ville; il fallait donc évincer la concurrente …

Ce furent ensuite trois années de « moyennes », toujours aussi « brillantes », et, croyait-on, la fin des études. De 14 à 18 ans, elle travaille dur, comme les autres, à la ferme, se cachant de temps en temps dans la garde-robe pour lire.

L’étonnement de la petite fille qui se rend en ville pour la première fois (c’est à Anvers, en 1921, pour les voeux de la tante 0dile Tamigneaux) et qui déclare à sa maman qu’il y a tant de femmes aux fenêtres (vous l’avez compris, il s’agissait des mannequins en vitrine), a laissé la place à la détermination d’une jeune fille.



Viennent alors trois années d’études dans notre capitale, pour décrocher un diplôme de régente ménagère. L’Institut Ménager-Agricole se situe au Heysel : elle voit la construction des fameux palais dans le parc. Une ferme est liée à l’école : il faut laver les cochons et traire les vaches…

Le diplôme en mains, c’est la vie professionnelle qui commence Un premier emploi chez les Soeurs de la Providence à Gosselies qu’en 1939. Il faut supporter les remarques désobligeantes de 1a directrice. Mais tante Colette en profite pour accroître ses compétences grâce aux échanges entre collègues.

De 1939 à 1957, c’est à 1′ « Atelier d’Apprentissage Reine Astrid » à Nivelles qu’elle enseigne. En 1944, elle se marie, et il faut lors affronter une loi absurde interdisant aux femmes mariées d’enseigner dans une école libre. Heureusement, la Directrice prend sur elle de passer outre…

En 1957, l’école de Nivelles ferme ses portes, et elle reprend le chemin de Bruxelles, où elle enseignera chez les « Filles de Sagesse », rue du Mérinos.



Après 23 ans de carrière, c’est la retraite bien méritée.

Il y a tant de sujets que nous n’avons pas évoqués : les péripéties des enfants de la ferme, les voisins amoureux, la guerre, le mariage, les enfants, la maladie, l’amitié, la maison aménagée petit à petit, etc.



On peut encore lui rendre visite…



Colette et Jacques Piret