La ferme du Clocher

 

Jacqueline Humblet, épouse de Paul Thomas (voir descendance Joseph Tomas), a passé six années dans cette ferme de Solre-sur-Sambre. Une grande partie des notes qui suivent sont reprises textuellement du livre de Jean-Marie Parmentier consacré à cette ferme (1).

 

Cette grosse ferme en carré a été construite entre 1792 et 1803 par Charles Halbreck, notable de l’endroit, et son épouse Florence Dujardin. Les travaux de construction se terminent par l’édification d’un porche surmonté d’un clocher remarquable qui donnera son nom à la ferme bien assise au milieu de ses 72 hectares. Plusieurs générations de Halbreck se succéderont avant que la ferme ne passe à d’autres familles.

 

En 1947, c’est Maurice Humblet (1904-1982) et son épouse Georgette Fontaine (1903-1989) qui reprennent le bail de cette ferme. Ils y resteront jusqu’en 1953.

 

Ils étaient originaires de la région, de la ferme du Bois-le-Comte à Buvrinnes. Comme souvent à l’époque, on vivait d’abord dans la ferme des parents, en attendant une ferme à remettre. Leurs trois ainés naquirent dans la ferme familiale : Annie (1928-2016), Jean-Marie (1931) et Paulette (1933). Ils eurent alors l’opportunité de reprendre une ferme à Quévy-le-Petit, et là, après une pause de 5 ans, la famille s’agrandit de nouveau avec Jacqueline (1938), Colette (1939) et Jacques (1942-2015).

 

Au terme de leur bail à Quévy, l’occasion leur fut donnée de reprendre la ferme du Clocher et ses 😯 hectares. C’est ainsi qu’un beau jour de 1947, le Clocher vit arriver une nouvelle jeunesse : l’aînée avait 17 ans et le plus jeune 5 ans.

 

Le Clocher raconte : « Je me suis replongé dans l’ambiance des grandes familles d’autrefois. Il faut dire que Madame Humblet avait de la classe, avec une ascendance plutôt vieille France, ancrée dans les traditions de la noblesse que la république laïque avait bien bousculée.

« Pour le matériel, par contre, on n’arrêtait pas le progrès. Les nouveaux arrivants avaient toujours des chevaux, mais aussi un tracteur FORDSON, avec des roues en fonte et en fer, et comme carburant, du fuel et du pétrole lampant. Je ne vous dis pas le vacarme auquel il a fallu m’habituer.

« Il y avait déjà 25 vaches, et pour aider au boulot, sans compter les saisonniers, un ouvrier à demeure, voire deux au début de leur installation. »

 

L’accent fut mis sur la production du beurre dans un contexte difficile. Les mesures prises après la guerre, notamment la libre entrée des huiles d’oléagineux en Belgique, avaient favorisé la production de margarine au détriment du beurre. … Le Sillon Belge se battit avec acharnement pour la défense des agriculteurs mais il fut impossible de faire marche-arrière.

 

Heureusement, au Clocher soufflait de nouveau le vent de la fraîcheur, de l’insouciance, dans l’esprit de l’après guerre. La jeunesse allait de l’avant. Les filles étaient coquettes, la ferme accueillante.

 

Chaque année, la ferme recevait des mouvements de jeunesse. Les enfants se mêlaient aux scouts et aux guides qui logeaient au-dessus de l’étable.

 

Cette jeunesse participait à la vie du village. Il y avait, au café de la gare, une petite salle qui leur servait de repère, pardon, de club de jeunes. Les soupirants se mirent à conspirer, et les jeunes convolèrent.

 

Alors que le jeune roi Baudouin venait tout juste de monter sur le trône, Annie épousa un agriculteur de Merbes-le-Château : Odon Leclercq. Son frère Jean-Marie épousa Yvonne Baudson, d’une ferme de Hantes-Wihéries. Ils étaient bien décidés à reprendre eux aussi une ferme, ce qu’ils firent à Silenrieux d’abord, puis à Walcourt. Paulette épousa Maurice Poucet qui développa les Ets Somville, un magasin de matériaux, dans l’ancienne sucrerie.

 

Et voilà la génération des ainées déjà partie. Ces années « bonheur », qui ont leur part de souvenirs de famille, furent pimentées de clins d’œil artistiques. Madame Humblet a transmis son goût de la peinture à sa fille Paulette. Celle-ci n’aurait pas pu vivre au clocher sans croquer sa silhouette au début des années cinquante (2).

 

Côté technique, le machinisme évolue : un tracteur JOHN DEERE avec de très petites roues à l’avant, puis un LANZ BULLDOG, sont arrivés à la ferme.

 

En 1954, Maurice Humblet opte pour une ferme plus petite à Fosses la Ville. Et c’est le cœur gros que les plus jeunes, Colette et Jacqueline, doivent quitter le Clocher et leurs amies. Jacqueline restera dans l’agriculture qui la mènera plus tard, avec son mari, en France dans la Nièvre.

 

Colette a gardé la mémoire et bien des souvenirs de leur adolescence à l’ombre du clocher. Sa sœur et elle avaient suivi leurs études primaires et la première partie du secondaire à la Sainte Union, juste à côté.

 

Nul doute que si Colette devait croiser le Clocher encore aujourd’hui, elle lui soufflerait dans l’oreille : « Ce fut pour nous, les jeunes, une période formidable et insouciante … et partir en pleine adolescence vers d’autres cieux nous a beaucoup perturbées ».

 

Les 6 enfants Humblet sont tous devenus parents et grands-parents… (3).

 

(Texte sélectionné ou résumé par JF Meurs)

 

 

Notes :

  • Jean Marie PARMENTIER, Si le Clocher pouvait parler, Deux siècles d’agriculture en Wallonie, Imprimé sur les presses de Empain Solutions Graphiques SPRL à Binche, juin 2018. L’auteur écrit dans le Sillon Belge. A certains moments, il fait parler le Clocher comme une personne vivante.
  • Le livre présente une photo d’un tableau du Clocher peint par Paulette, et qui se trouve actuellement chez sa sœur Colette à Ath.
  • Suivent trois paragraphes énumérant partiellement la descendance, mais rien au sujet de la famille de Paul Thomas et Jacqueline.