Attentive et érudite Cousine Octavie

Vous présenter Cousine Octavie, en positif ou en négatif. La critique est la mienne, l’essentiel est d’en avoir une idée.

Fille d’Odile Lavianne, demi-sœur de Colette Croône, cette dernière épouse d’Alfred Piret, mon grand-père. Dame de grande culture, un peu embourgeoisée passéiste style 1900, mais pleine de fantaisie !

Formée par l’internat des Sœurs de la Providence de Gosselies, les mêmes qui s’occupaient de l’école libre de Fayt, le même esprit et la même mentalité.

Fayt, pour moi, toute petite, ce fut mes premiers départs, mes premières vacances. L’oncle Jules et la tante Odile m’ont donné les premiers rudiments du « Beau parler » : en parlant de ses parents, on ne les nomme pas « ils », mais bien par leurs noms. Se tenir à table, se servir correctement des couverts. Les conseils aussi : étudier son dictionnaire, 10 mots chaque jour, avec leur signification.

Je me plaisais cependant dans l’atmosphère et l’accueil chaleureux de tante Odile et de cousine Octavie qui, à ce moment là, habitait sur la place de Fayt, pendant le temps où le cousin Arsène faisait trois ans de Congo.

Puis elle a déménagé, une fois de plus, pour Bruxelles. Il fallait retrouver un emploi pour son mari. C’est alors que, contre vents et marée, nous l’avons mieux connue et que des liens se sont vraiment créés. Odile, sa fille, est venue dès l’âge de 2 ans à peine patauger dans la bouse des vaches à Baulers.

Cousine Octavie a toujours admiré mes parents. Papa autodidacte mais de jugement sûr en politique, et elle y adhérait en plein accord. L’érudition de maman lui permettait d’intéressants échanges, des discussions sur le titre d’un livre, et l’évocation des chansons surtout.

Nous la voyions, sa vigilante bonté, veillant à faire plaisir avec ses petits moyens. De ses doigts de fée, elle cousait, tricotait, brodait. Nous étions peut-être les petites provinciales, ainsi présentées dans sa famille et chez ses amis. Mais quelle mémoire phénoménale pour réciter d’un seul trait, sans hésitations, poèmes, contes, De profundis, prières et chants religieux, d’une voix juste et expressive.

Généreuse. Combien de fois un petit billet fut expédié à Dominique, filleul d’Odile, en pension à Don Bosco Tournai, pour l’encourager. Une lettre et un petit chocolat de plus faisaient plaisir et vous stimulait quand l’internat vous pèse.

Attentive aux réactions et sensible quand, dans les yeux des enfants au départ le lundi matin, des larmes perlaient. Un fait marquant : Irène qui ne voulait pas rentrer en classe sans la provision exigée par la section technique couture et qui n’avait pas été prévue dans notre  budget de la semaine. Rentrée à Bruxelles, vite cousine Octavie s’est rendue aux Filles de la Sagesse, rue du Mérinos à Saint-Josse pour prêter l’avance nécessaire.

De nombreuses fois elle fut gardienne à la ferme et baby-sitter quand nous devions nous absenter. Nous étions rassurés par sa présence. Nos enfants lui ont fait bon accueil, à cause de sa gentillesse et de son savoir ; ils étaient ravis de son humour, de son originalité, de son amitié, de son caractère qui vient à bout de toutes les situations.

Merci à Cousine Octavie, de tout ce que sa présence a apporté.

Odile Piret