Albert Ballieu

Quelques souvenirs et impressions personnelles à propos de cousin Albert.

Patriote

Recevoir le prénom d’Albert en 1916, cela veut dire beaucoup. Une cousine Tamigneaux née la même année a reçu le prénom d’Elisabeth. Ils recevaient tout l’héritage familial du patriotisme, bien illustré d’ailleurs par l’attitude du papa imprimeur de “la Libre Belgique” clandestine. Albert est toujours resté un patriote déclaré. Selon sa volonté, on entendit chanter la Brabançonne à la fin de la célébration de ses funérailles dans l’église de Saint Josse.

Imprimeur

L’imprimerie, il s’y est identifié. C’est lui-même qui a raconté plus d’une fois comment il avait commencé, à l’âge de 9-10 ans, perché sur des caisses pour être à bonne hauteur. Il manipulait les grandes feuilles à placer dans la presse, il puisait les lettres dans les casses pour composer. Il a raconté tout cela dans un Piret Magazine, avec le souci de la précision qui était le sien. Ce métier, c’était la continuité avec son père. Son enfance a été très marquée par la figure paternelle pour qui il avait une admiration justifiée, et il a gardé ce lien intime toute sa vie. Le jour de ses funérailles, dans l’église, il avait demandé que l’on pose sur l’autel un portait de son père avec la devise que ce dernier avait transmise à ses enfants : “Fais ce que tu dois”.

Papetier

Le dimanche qui suit le 15 août, on voyait Albert arriver à Obaix. Le coffre de la voiture était plein des fournitures scolaires, à l’approche de la rentrée. C’est qu’il en fallait, des cahiers et des encriers pour un bande de 10-15 écoliers… Albert faisait parfois l’article, montrant divers compas ou des systèmes de fardes à anneaux plus pratiques. Cela ne durait pas longtemps. Plus tard, me fait-on remarquer, les fournitures étaient destinées à l’école libre d’Obaix : l’Oncle Paul Meurs était du comité scolaire… On devrait pouvoir retrouver de ces cahiers qui montraient un semeur (à la main) sur la couverture et dans le filigrane du papier.

Famille

Oui, on pensait famille pour les échanges économiques. Car la famille comptait beaucoup pour Albert. D’ailleurs, on passait rapidement des fournitures aux nouvelles de famille, aux souvenirs de Baulers et aux souvenirs Tamigneaux. Tandis que papa venait taquiner Rosette (difficile d’évoquer Albert sans Rosette), Albert faisait la conversation avec ses cousines. Et on peut dire qu’Albert a été le cousin fidèle, présent à toutes les fêtes de la famille Piret. Dans le Magazine familial, il a écrit qu’il se sentait comme le dixième enfant de la famille Piret.

Lecteur de Piret Magazine

La publication de Piret Magazine nous a rapprochés : il attendait chaque numéro avec avidité, et il réagissait au quart de tour. Car il était un lecteur attentif et redoutable : il envoyait aussitôt ses corrections, des compléments, des questions. Il avait une bonne mémoire, et surtout une attention très vive… qu’il avait sans doute acquise de par son métier. Erreurs de dates, fautes d’orthographe, il était heureux de rectifier.  Albert a été un de mes meilleurs collaborateurs, et aussi un encouragement parce qu’il était friand des histoires de famille.

La foi d’Albert

Il vivait sa foi à fleur de peau. Une foi ancrée dans la tradition. Il vibrait au fameux “Credo du paysan” qui louait Dieu pour sa Création. Cette foi l’incitait à dire et à redire, comme un refrain, cette brève prière : “Merci mon Dieu !”. Un merci qui n’était pas dit à la légère : Albert a été éprouvé dès son plus jeune âge, par des décès de proches, par la maladie, par les conditions de vie difficiles qui exigeaient un travail sérieux et de beaucoup de rigueur : pas de fantaisie qui eusse chamboulé un équilibre précaire.

Merci Albert.

 

Jean-François