Jean-Baptiste MEURS et Désirée MEURS



Désirée Meurs
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Jean-Baptiste Meurs
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La ferme du Dieu d’en bas à Bellecourt

Jean-Baptiste est fils de Vincent Meurs et Amélie LEJOUR, né à Virginal Samme le 2 août 1836, décédé à Bellecourt le 22 août 1905. D’abord cultivateur à la ferme d’Eve à Baudémont, sous Ittre, tout près de la chapelle du « Bon Dieu qui croque », puis fermier à Bellecourt, à la « ferme du Dieu d’En Bas », qui appartenait au comte de Baudémont, Léon ‘t Serstevens.

Jean-Baptiste épouse en première noce Adèle Ghislaine Matot, née à Nivelles le 21 février 1831, décédée le 8 août 1870, fille de Jean-Baptiste Matot (voir plus bas). Ils eurent trois enfants dont :
1/ Joseph, né à Ittre le 12 août 1866, qui suit.
2/ Léon, né à Ittre le 21 janvier 1869.
3/ ???, morte née.

Il épouse en secondes noces sa cousine germaine Désirée Meurs, originaire d’Ecaussinnes. Désirée avait 32 ans.
Jean-Baptiste et Désirée ont eu cinq enfants :
1/ Jules Désiré, né à Ittre le 21 septembre 1873, décédé à Obaix le 3 novembre 1939, inhumé à Fayt-lez-Manage, marié avec postérité, grand père de l’auteur de cet article.
2/ Edmond, né à Ittre le 14 avril 1875, décédé à Bellecourt le 24 mai 1888, âgé de 13 ans. Il avait pris froid sur le champ et est mort de maladie pulmonaire.
3/ Jeanne, née à Ittre le 25 décembre 1877, décédée à Ecaussinnes Lalaing le 9 novembre 1944. Mariée avec postérité.
4/ Oscar Ghislain, né à Ittre le 8 septembre 1879, mort à Bellecourt le 7 février 1882 d’un accident, écrasé par la roue du char qui a glissé contre la borne d’entrée de la cour.
5/ Marie, née à Bellecourt le 13 mars 1882, décédée à Nivelles, mariée, avec postérité.


Le couple Jean-Baptiste Meurs et Désirée Meurs,
avec leurs trois enfants, Jules, Jeanne et Marie,
et les deux fils du premier mariage de Jean-Baptiste :
Joseph et Léon.



Assis de gauche à droite : Joseph Meurs, Jean-Baptiste Meurs, Désirée Meurs

Debout, idem : Marie Meurs, Léon Meurs, Jules Meurs, Jeanne Meurs


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Jean-Baptiste, fermier du Comte de Baudémont

Jean-Baptiste a d’abord occupé la ferme, ou plutôt « relais » d’Eve, proche de la chapelle du « Bon Dieu qui Croque », à la limite de Nivelles et Ittre Baudémont. C’était plutôt une auberge sur la route des pèlerins qui se rendent à Hal. Eve est sans doute écrit pour Aive (du latin « aqua », lieu où il y a de l’eau), mot dont on a oublié le sens (*1). Déjà en 1980, il n’en restait plus qu’un pan de mur au milieu des orties.



Chapelle du « Bon Dieu qui Croque »
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ce qui reste du « relais d’Eve » en 1986
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Son beau-père, Jean-Baptiste Matot, occupait une petite ferme à 200 mètres de là environ, appelée « Le Petit Bois » ou « Bois Moulin », voire encore « ferme Matot » (*2).

Jean-Baptiste Meurs a ensuite repris la ferme dite « du Dieu d’En Bas » à Bellecourt, ainsi nommée à cause de la chapelle qui se trouve juste en face de l’entrée. On raconte que lorsqu’il est allé payer son fermage au Comte de Baudémont, Léon ‘t Serstevens, celui-ci lui a demandé « comment ça allait », lui et sa famille. Alors, Jean-Baptiste a expliqué qu’avec sa grande famille, la maison était trop petite et la ferme aussi. De fait, Oscar venait de naître, ce qui faisait 6 enfants à nourrir et élever. Alors, le Comte lui a proposé de reprendre la ferme de Bellecourt (*3).

Il y est arrivé en 1880 : le bail est signé le 7 mai 1879 ; Amélie Lejour, mère de Jean-Baptiste, se porte caution. Mais on changeait habituellement de ferme en mars. Le bail dit que les terres pourront être occupée après la levée des récoltes ordinaires de 1879, et que les bâtiments, cours, jardins et houblonnières pourront être occupés à partir du 1er mai 1880.

La grange a brûlé en septembre de cette année-là. Jules, qui avait 7 ans, a été envoyé à pied annoncer la chose chez Aurélie et Marie Meurs, sœurs de Désirée, à la Bassée, à Ecaussinnes-Lalaing. Angélique Dubosqueille vivait encore. Le gamin est resté chez les tantes au moins toute l’année, et est allé à l’école à Ecaussinnes (*4).

Jean-Baptiste rencontrait fréquemment le Comte de Baudémont pour payer ses fermages, soit à Baudémont, soit à Bruxelles. Il faisait le trajet à pied. Les archives familiales conservent un carnet dans lequel sont inscrites les sommes reçues. Il commence à la date du 28 décembre 1888, et l’on constate que la somme versée ce jour-là concerne plusieurs années, à savoir l’échéance de 1887 et des arriérés de 1883. Le 25 avril 1894, Mr Léon t’Serstevens accorde une diminution de 300 francs à cause de la mauvaise récolte de 1893. Entre les années 1895 et 1898, Jean-Baptiste tarde à payer l’assurance incendie. Il s’en acquitte en novembre 1899. A partir de 1900, c’est toujours l’épouse t’Serstevens, née Léontine Lyon, qui reçoit et signe. Jean-Baptiste paie pour la dernière fois le 16 mai 1905 ; il est décédé le 22 août suivant. C’est sa veuve qui paie ensuite jusqu’en février 1914. Enfin, c’est Jules Meurs qui paie à partir du 2 décembre 1914.

Lorsqu’il est décédé en 1905, Jean-Baptiste venait de signer un nouveau bail qui avait pris cours en date du 4 août 1904. Ce bail n’était pas transmissible aux héritiers et il n’a été continué qu’au profit de la mère.

Lorsque Jules projette de se marier, en 1913, sa mère décide de lui abandonner les années de bail auxquelles elle avait encore droit. Dans une lettre datée du 10 novembre 1913, la propriétaire en parle, et souligne la satisfaction qu’elle a toujours eue de Désirée Meurs :

Chère Madame, Je suis charmée de pouvoir vous féliciter du prochain mariage de votre fils auquel je souhaite le bonheur et la prospérité, et puisque vous désirez lui céder les 2 années de bail que vous avez encore à faire dans ma ferme, je vous prie de vous adresser à Mr le Notaire Taymans afin que cette affaire soit bien en règle.
J’espère, chère Madame, que vous continuerez toujours à habiter ma ferme où vous avez été une fermière modèle, et je vous envoie à tous l’assurance de mes meilleurs sentiments.
L. t’Serstevens, née Lyon.

Désirée se met d’accord avec la propriétaire pour résilier son occupation le 1er mars 1914. Reste à liquider la communauté ayant existé entre Jean-Baptiste et elle : on décide de vendre le mobilier garnissant la ferme, ainsi que les récoltes formant une valeur active, et de partager à l’amiable ; à cette fin, on évalue la valeur des travaux de culture, des labours, semences et récoltes croissantes. Des arbitres sont désignés par les parties, à savoir la mère, le frère et les deux sœurs, assistées et autorisées par leurs maris respectifs. On ne parle pas des deux demi-frères Joseph et Léon. Les archives ne conservent que le projet de tractation, et n’est pas daté.

Le 30 décembre 1913, Désirée signe avec son fils un accord selon lequel Jules sous-loue le bail jusqu’à expiration de celui-ci, avec l’accord de la propriétaire ; il paiera les impôts à partir du 1er janvier 1914, et Désirée ne lui demande aucune indemnisation pour les fumures, vu les services rendus à la communauté par Jules durant toutes les années passées. Il y a peut-être eu contestation, puisqu’on trouve un autre document signé le 1er février 1915 où elle déclare avoir reçu de son fils Jules la somme de 735 francs pour indemnité de fumure et semences lors de la reprise.

Désirée Meurs

Le mariage entre cousins germains était chose courante à l’époque ; dans la famille Meurs, je trouve pas moins dix couples de cousins germains, ce qui implique 20 cousins et cousines ! La plupart du temps, il s’agit d’un veuf ayant des enfants, et c’est une cousine, connue de ces derniers, qui prend la place de la maman.

Désirée avait 32 ans quand elle s’est mariée. On raconte qu’un maître de carrière de Feluy, veuf avec deux enfants, était venu la demander en mariage. Quand elle a demandé l’avis de son père, Maximilien, il avait répondu qu’elle avait tout son temps pour réfléchir : « c’ès’t in veûf, gna rî qui prèsse », « c’est un veuf, rien ne presse ». Peu après, Jean-Baptiste est venu faire la même demande, accompagné de ses deux enfants Joseph et Léon. Cette fois là également, Désirée, un peu troublée, a demandé à son père : « Qu’est-ce què d’dwès fé ? », « Qu’est-ce que je dois faire ? ». Alors, il a répondu : « C’coup-ci, fèyez c’què vos vléz ! », « cette fois-ci, faites ce que vous voulez ! » (*5). Et c’est ainsi que Désirée, qui ne voulait pas être fermière est devenue « censière ».

Désirée était une fine couturière, et elle avait ouvert, à la ferme paternelle, à Scouflény (Ecaussinnes) un atelier où les jeunes filles du village venaient apprendre à coudre. C’est elle qui a appris le métier à sa sœur Marie. Celle-ci a eu plus tard un petit atelier avec quelques ouvrières, et elle allait vendre des robes jusqu’à Bruxelles. « Désirée n’était pas fermière dans l’âme, et elle a du faire le métier, tandis que sa plus jeune sœur Aurélie, qui aimait les chevaux et ne rêvait que de la ferme, n’a pas pu faire la fermière » (*6).

Jean-Baptiste Matot,

Jean-Baptiste Matot, père de la première épouse Adèle Matot, a sans doute vécu avec son beau-fils Jean-Baptiste Meurs, et avec Désirée Meurs, à la ferme de Bellecourt. Son acte de décès, le 13 juillet 1880 le suggère : c’est Jean-Baptiste Meurs, « beau-fils du défunt », qui fait la déclaration de décès. L’acte le qualifie de « rentier » et atteste qu’il est domicilié à Bellecourt.

Il s’était marié deux fois. Veuf assez tôt d’Amélie Debroux, il a 28 ans quand il se remarie en 1832 avec Albertine Wilputte (Ittre le 20 mai 1797, Ittre le 21 juillet 1870), dont il aura trois enfants nés à Ittre : Pauline, Jean-Baptiste et Gustave (*7).

Anecdotes

La ferme de Bellecourt se trouvait dans un creux de vallée, au bout d’un chemin de terre, encaissé, à l’écart du centre, souvent boueux. Pour aller à la messe le dimanche, la famille partait en sabots avec ses vieux vêtements et se changeait chez Hyacinthe Descamps ou Decamps, qui venait à la ferme comme client. Les vêtements du dimanche restaient chez lui. Ce Hyacinthe avait deux filles, Laura et Augusta. Après la mort de Jean-Baptiste, le 22 août 1905, il a plu 17 dimanches consécutifs (*6).

Lors d’une canicule, le beurre ne prenait pas. Un voisin a donné le conseil de faire boire du vinaigre aux vaches. Et ça marchait. Le vétérinaire s’était étonné qu’on ne l’appelait plus, et a posé la question. Il aurait répondu qu’il connaissait le remède, en ajoutant : « mais ce n’est pas un remède de vétérinaire » (*6).

On conserve (*8) des bordereaux de livraison de la bière dans les années 1911-1913. Désirée Meurs s’approvisionnait en ½ tonneaux de bière chez Jules Carlier-Lechien de Fayt, qui livrait des bières provenant de la « Brasserie de l’Amitié » et de la « Brasserie et Malterie St Roch ». Cette dernière produisait de la brune grisette et de la saison. Comme on peut s’en douter, la consommation double durant les mois de juillet à septembre.

A la mort de Jean-Baptiste, on dresse un inventaire (*8) des biens de la ferme, chevaux, bétail, basse-cour, matériel agricole, récoltes et meubles. Onze chevaux, dont une jument de 20 ans « hors d’usage », pour une valeur de 5050 francs. Douze vaches, génisses, taureau et veaux pour une valeur de 3865 francs. Truies, nourrains et gorets pour 470 francs. Le matériel agricole pour une valeur de 1226 francs. Les récoltes en froment, seigle, avoine et betteraves pour 3182,25 francs. Les meubles et ustensiles de ménage pour 466,50 francs. Le total fait 14.464,75 francs. Un autre inventaire de 1908 monte à 15.000 francs. Y a-t-il eu contestation ? c’est probable de la part des beaux-frères Barbier et Buidin. Le tout est divisé en quatre parts, pour Désirée, Jules, Jeanne et Marie.

Jean-François Meurs

(*) Notes :

  1. Voir le mot français « évier », les lieux-dits Aywailles, ou Aywières, et les diverses formes wallones comme « eûwis » à Obaix, « eûmwe » en aclot, etc.
  2. Voir l’ouvrage de Tarlier et Wauters, et le cadastre de Popp.
  3. Témoignage de Paul Meurs, son petit-fils.
  4. Peut-être jusqu’à la fin de ses primaires ? Témoignages de Pierre Piette et Paul Meurs.
  5. Témoignage de Pierre Piette. Madeleine Buidin raconte la même anecdote, mais c’est la mère qui intervient.
  6. Récit de Madeleine Buidin.
  7. Jean-Baptiste Matot, fils de Louis Joseph Matot ( + Nivelles le 17 juillet 1827) et Séraphine Mercier, bouchère (toujours en vie en 1832) ; né à Nivelles le 20 octobre 1804, aubergiste, décédé inopinément à Bellecourt le 13 juillet 1880.
    Epouse en 1ères noces Marie Claire Amélie Debrou ; dont :
    1. Jean-Joseph, né à Nivelles, cultivateur à Ittre, qui épouse à Ronquières en 1866 Charlotte Thunus
    2. Adèle Ghislaine, née à Nivelles le 21 février 1831, décédée le 8 août 1870.
    Epouse en secondes noces Albertine Wilputte, fermière, née à Ittre le 20 mai 1797, fille de Jean Joseph Wilputte (+ Ittre le 21 septembre 1815 et de Brigitte Albertine Cuisenaire (+ Ittre le 28 janvier 1832) ; dont :

    1. Pauline Joseph Ghislaine, née à Ittre le 16 octobre 1833
    2. Jean-Baptiste, né à Ittre le 22 octobre 1834, y décédé en 1864 ; témoin au mariage de sa sœur Adèle avec Jean-Baptiste Meurs
    3. Gustave Ghislain, né à Ittre le 9 janvier 1937.
  1. Archives familiales

Joseph Meurs

Une fameuse gifle pour le fils prodigue

Affaire à suivre dans l’article suivant