Les maisons d’Amélie Lejour, épouse de Vincent Meurs, sur la Grand-Place de Nivelles.
Voici trois actes récemment exhumés des archives du Notaire Florent Castelain de Nivelles, concernant Vincent Meurs et son épouse Amélie Lejour. Ils m’ont été communiqués par Mr Jean Letroye : qu’il soit ici remercié.
En premier lieu, un acte du 18 juin 1854, concernant le renouvellement du bail de la ferme de Henriamont à virginal. Vincent MEURS et Amélie LEJOUR signent un nouveau bail avec le propriétaire, Pierre François PAUL. Les termes sont identiques à ceux du bail précédent passé le 6 juin 1848, que nous avons publié dans le Piret Magazine n° 92 de juillet-septembre 2012. Sauf un paragraphe qui prévoit la succession dans la ferme par un des enfants… En effet, Vincent est né en 1800, et l’acte signé en 1854 concerne les années 1861-62. Ajoutez neuf ans, et il aura plus de 70 ans, un âge respectable pour l’époque.
Voici le paragraphe qui traite de cette succession :
En cas de décès du preneur et de son épouse pendant la durée du bail ou avant qu’il ait pris cours, il sera résilié de plein droit à la mort du dernier, mais ce bail sera continué, ainsi que le bailleur s’y engage par celui des enfants des dits preneurs, dont il fera choix, sans que personne ait le droit de réclamer une indemnité quelconque de quelque chef ou qui que ce soit.
Dans les faits, ce sera Firmin qui succèdera à son père dans l’exploitation de cette ferme qui deviendra “ferme Meurs”. Nicolas, resté célibataire, habitera avec lui.
La même année, 1854, le 30 novembre, Vincent Meurs et Amélie Lejour empruntent une somme de 4000 francs à leur propriétaire Pierre François Paul. Il n’est pas dit pour quel usage cet argent liquide est nécessaire, mais l’acte nous apprend que le couple a acquis trois parcelles de prairies proches de leur ferme peu de temps avant, le 6 novembre 1854. Ces prairies serviront d’ailleurs de garantie.
Voici l’acte en question :
Devant Maître Florent Castelain, notaire à la résidence de la ville de Nivelles, Province de Brabant, assisté des témoins soussignés,
Ont comparu Vincent Joseph Meurs et son épouse, qu’il autorise, dame Amélie Lejour, cultivateurs domiciliés à Virginal-Samme,
Lesquels ont reconnu avoir reçu directement à titre de prêt de Monsieur François Paul, rentier, domicilié à Nivelles, la somme de quatre mille francs qu’il leur a présentement comptés et délivrés.
Ils se sont donc solidairement engagés à remettre cette somme en une seule fois à Monsieur Paul dans douze ans à partir d’aujourd’hui, et entretemps, à savoir annuellement à son profit l’intérêt de cette somme à raison de cinq pour cents, réductibles à quatre en payant dans les deux mois de l’échéance ; lequel intérêt s’élevant à deux cent francs, modifié à cent soixante dans le cas sus exprimé sera exigible pour la première fois le trente novembre mil huit cent cinquante cinq et par la suite tous les ans à pareil jour, sans aucune retenue jusqu’au parfait remboursement du capital qui ne pourra se faire avant l’époque fixée sans le consentement du prêteur.
Ce prêt est fait aux clauses et conditions suivantes expressément reconnues entre les parties :
Que le paiement des intérêts et le remboursement du capital devront être effectués au domicile et en mains de Monsieur Paul, monnaie courante dans les caisses de l’Etat et par pièces métalliques d’or ou d’argent d’une valeur au minimum de cinq francs, sans que les emprunteurs puissent, pour se libérer, faire l’emploi d’aucune espèce quelconque de papier monnaie ou de minerais qui n’aurait pas leur force.
Qu’à défaut de paiement d’une année d’intérêts dans les six mois de l’échéance, le capital deviendra exigible si bon semble au prêteur, et les intérêts échus produiront eux-mêmes de plein droit des intérêts égaux à compter de l’échéance jusqu’à ce qu’ils soient acquittés, le tout sans aucune formalité judiciaire, attendu que les débiteurs devront (…) en demeure par la seule échéance du terme.
À la (sûreté) de cette créance en principal d’Intérêts, ainsi que des conditions ici établies, les comparants ont engagé ici leurs personnes & hypothéqué spécialement :
1/ Une prairie nommée le petit et le long pré contenant un hectare vingt-trois ares, quatre vingt treize centiares faisant partie du numéro 692 section B de la matrice cadastrale de Virginal-Samme, joignant à la suivante, au ci-devant Majorat de Fauquez, à une ruelle, à la prairie de la Fontaine, à Dujaquier, à Bauthier.
2/ Une prairie située en la même commune nommée le pré (Medinal ?), formant le complément du numéro 692 section B du cadastre, contenant un hectare (…) et huit centiares joignant de deux côtés à madame Bauthier, à Dubois et au Majorat précité.
3/ Une prairie nommée le pré aux chevaux à proximité de la rivière contenant soixante quinze ares quatre vingt trois centiares, situé au dit Virginal-Samme, section B numéro 691 du cadastre joignant aux (biens) du haut champ, aux héritiers Paul et à Godau.
4/ Deux maisons contigues situées Grand Place à Nivelles à laquelle elles tiennent de front, des côtés, à (…) latérale de l’Eglise de Sainte Gertrude, par derrière à la dite église.
Les biens désignés dans les trois premiers numéros ont été acquis par les époux Meurs à la vente publique faite devant le notaire soussigné le six novembre courant, enregistrée.
Les autres ont été légués à Madame Meurs par le sieur Louis Laguerre de son vivant propriétaire à Nivelles, ainsi qu’il conste de son testament qu’il a dicté au notaire soussigné le quatre septembre mille huit cent cinquante, enregistré.
Dont acte aux frais des Emprunteurs, fait et passé en l’étude le trente novembre mil huit cent cinquante quatre en présence des sieurs Antoine Joseph Dusausoy, retordeur de fil, et François Dupont, journalier, domiciliés en cette ville, témoins qui ont signé avec les parties et le notaire après lecture faite.
P.F. Paul A. J. Lejour
V. J. Meurs
A Dusausoy
Dupont
F. Castelain, nre
Dans cet acte, il est questions de deux maisons situées sur la grand place de Nivelles et accolées à la collégiale, dont Amélie Lejour a hérité tout récemment. Le légateur est un certain Louis LAGUERRE, propriétaire à Nivelles.
Nous connaissions déjà ces deux maisons : elles ont été occupées par le couple Pierre Meurs et Julienne Decock, le fils aîné de Vincent et Amélie. Ils y tenaient un commerce de “cordes et graines”. Il deviendra par la suite le magasin Detry. Pierre était en outre “Agent principal” de la Compagnie d’Assurances contre l’incendie “La Belgique” …
Louis Laguerre est un cousin des légataires cités dans le testament, sauf Caroline Lequy, qui est sa servante, et le mari de celle-ci, Louis Piron.
Les ancêtres communs de tous ceux qui héritent sont Antoine Moriau(x) et son épouse Marguerite Piérart, qui occupèrent la ferme de la Basse Cour à Bornival (Le Castia), et qui eurent six enfants en vie. Trois d’entre eux seulement sont concernés.
1°/ Louis Laguerre est descendant du cinquième enfant d’Antoine Moreau et Marguerite Piérart, Marie Joseph Moriau(x) ou Moreau, qui avait épousé Claude ou Jean-Claude Laguerre de Nivelles.
2°/ Jean Louis Ange Moreau est descendant d’Antoine Moreau qui a épousé Marie DAUBLIN. Je n’ai pas pu reconstituer la descendance, parce que les registres de Bornival ont été maltraités par les soldats français, et qu’il y a des lacunes. Ils ont du être reconstitués. Jean Louis Ange a épousé Marie Françoise Lejour, fille de Benoît et Bernardine Lefèbvre.
3°/ Tous les autres sont descendants de la fille aînée, Marie Jeanne Moriaux, ou Moreau, qui a épousé Grégoire Delalieux ; et, plus précisément, tous descendants de leur fille Marguerite Delalieux qui épouse Adrien Lejour (tous les autres enfants sont décédés sans descendance). Deux des enfants d’Adrien Lejour et Marguerite Delalieux sont cités directement : Victoire Lejour et Célestine Lejour, cette dernière encore en vie lors de la dictée du testament. Amélie Lejour représente sa mère Marie-Barbe Lejour (soeur de Victoire et Célestine) qui est morte avant 1850 (en 1835). Amélie est “fille naturelle” de Marie-Barbe. Quant à Philibert Lejour, le dernier cité, c’est un “fils naturel” de Célestine, né hors mariage. Ce n’est qu’en 1863, c’est-à-dire à une date postérieure au testament, qu’il sera autorisé, par un jugement, à porter le nom de Lebon qui est celui du mari de sa mère. Petit rappel, Célestine est l’ancêtre des Ballieu par sa fille Marie Joseph Lebon. .
Voici l’acte concernant le testament dicté par Louis Laguerre :
Devant Maître florent Castelain, notaire à la résidence de la ville de Nivelles, Province de Brabant,
Et en présence des sieurs Pierre Joseph Dulier, père, ancien messager, Pierre Joseph Dulier, fils, coiffeur, Stanislas Joseph Theys, crieur public, et Antoine Joseph Dusausoy, retordeur de fil, tous quatre domiciliés en la dite ville, témoins habiles au vu de la loi,
Est comparu monsieur Louis LAGUERRE, propriétaire, domicilié en la dite ville de Nivelles,
Lequel a dicté au dit Notaire, en présence des témoins, son testament, ainsi qu’il suit:
Je donne et lègue à Jean-Louis Ange Moreau de Bornival la jouissance, sa vie durant, et à ses enfants ou descendants par représentation la nue propriété : A/ d’un héritage situé au dit Bornival tel qu’il est maintenant occupé par la veuve Kestemont née Minne ; B/ la pièce de terre que tient en bail emphytéotique le sieur Druet de la même commune.
Le fils dudit Moreau aura pour sa part l’héritage occupé par la veuve Kestemont, et la fille, la terre occupée par Druet ; et lorsque le premier parviendra à la jouissance de son legs, il devra payer à sa soeur une somme de (sept) francs l’an à perpétuité.
Je lègue et je donne à Victoire Lejour épouse de Pierre Lebon dit l’avocat, de Bornival, ou ses descendants, par représentation, les biens qui m’appartiennent et que tient en bail emphytéotique le Sieur (Florent ? Deltour ?) de Seneffe.
Je donne et lègue à Célestine Lejour, épouse d’Hubert Lebon, de Bornival, une pièce de terre et un petit pré, sis sous Ittre, près du Rappois, tels qu’elle les occupe elle-même, ou à son défaut à sa descendance par représentation.
Je donne et lègue à Philibert Lejour, de Bornival, et à ses descendants par représentation une petite maison avec héritage contigu contenant environ deux hectares sis sous Ittre et Ronquières (bordé) par le chemin de Fauquez.
Je donne et lègue à Amélie Lejour, épouse de Vincent Meurs, de Virginal, ou à ses descendants par représentation :
A/ une petite maison sise à Ronquières, occupée par Landercy, tisserand,
B/ les deux maisons qui m’appartiennent sur la grand place de Nivelles.
Je donne et lègue à Louis Piron, fils de Pierre, et Caroline Lequy d’Arquennes, une somme de cinq cent francs.
Je donne et lègue à Caroline Lequy, ma servante, si elle est encore à mon service à mon décès, une rente viagère et annuelle de trois cents francs, qui prendra cours le jour de ma mort.
Ma légataire Amélie Lejour sera tenue au paiement de ces deux legs faits à Louis Piron et Caroline Lequy, et les maisons sises à Nivelles, que je lui ai données, seront spécialement affectées et hypothéquées à ses frais, à leur sureté. Elle devra également payer les droits de succession de ces legs et de ceux que je ferai ci-après.
Je la charge en outre de faire célébrer en ma mémoire et dans l’année de mon décès deux cent messes basses ;
Je donne et lègue encore à Caroline Lequy, ma servante, si elle est toujours à mon service à mon décès, l’universalité de mes biens meubles, à la charge de faire célébrer mes funérailles à ses frais au (troisième … ) et cinquante messes basses dans le courant de l’année de mon décès. Cependant, les rendages échus et à échoir des biens ci-dessus appartiendront aux légataires auxquels ils sont donnés.
Mes petites dettes mobilières seront acquittées par la dite Caroline Lequy.
Ce testament a été dicté par le testateur au Notaire soussigné qui l’a écrit tel qu’il lui a été dicté, et après qu’il en eut donné lecture au testateur, celui-ci a déclaré le bien comprendre et y persévérer, le tout en présence des témoins prénommés.
Ainsi fait et passé en la demeure du testateur à Nivelles le quatre septembre mil huit cent cinquante. Le testateur et les témoins ont signé avec le Notaire après la lecture faite.
L. Laguerre, P. J. Dulier, P. J. Dulier, S. J. Theys, A. J. Dusausoy.
F. Castelain.