Bien avant Thierry Sabine et autres organisateurs de « raids » en tous genres, la famille Piret avait innové en la matière en créant le « Rallye Baulers – Ittre » (1). Pas question d’engins pétaradants, à roues, à hélices ou à aubes (?), les bonnes vieilles guiboles suffisaient. Vieilles, c’est une façon de parler : à l’époque, elles avaient une moyenne d’âge tournant autour des 12 ans.
On ne parlait pas encore de jogging, de footing ou de rafting (on venait juste d’inventer les parkings et les dancings), et pourtant, grâce à une opération de marketing (ça m’a échappé !) interne, les participants se trouvaient un beau jour rassemblés à Baulers pour une ballade qui devait nous mener à Ittre à travers la campagne.
Après s’être rempli les poches de divers éléments indispensables au soutien moral (oserai-je « doping » ?) la petite troupe s’ébranlait bientôt dans l’air frais du matin, accompagnée le plus souvent d’un soleil qui ne voulait pas, lui non plus, rater cette journée.
Après la traversée de la route Nivelles-Hal, la « pavée d’Hal », au « Léd Patâr », seul contact avec le bitume, on atteint bientôt la « ferme aux canards » où, comme son nom l’indique, se trouve une mare où barbotent les sympathiques palmipèdes. Il est encore trop tôt pour faire une halte ; c’est à peine si les mollets sont échauffés. On continue donc à travers la campagne, la campagne, et encore la campagne. Je passe ici la description de ce qu’on y trouve : beaucoup d’entre nous auraient l’impression de travailler…
Nous arrivons à la halte sacrée du « Bon Dieu qui croque » où il est de bon ton de se mettre au diapason du Bon Dieu en croquant une boule. Cette belle chapelle qui était autrefois isolée au milieu des champs se trouve maintenant pratiquement au bord de l’autoroute. Encore heureux que cette dernière ne lui soit pas passée dessus !?
Mais, trêve de rêveries écologiques (d’ailleurs ça n’existait non plus pas…), reprenons la route ou plutôt le chemin vers Ittre. À proximité du but, les opinions sur la route à suivre divergeaient souvent, si bien que nous sommes souvent arrivés à Scôte par des chemins différents ; c’est à croire que Rome et Ittre ont des points communs ?! (Petit tour à la ferme du Pou, avec distribution de dragées ; et pour demander son chemin, l’expression : « Constant, c’est par ici qu’on s’perd ? » !). Nous sommes donc à Ittre, mais pas encore à Scôte !
Une dernière étape reste particulièrement mémorable : celle qui nous avait mené chez Etienne et Christine (à Haut-Ittre !). Cette dernière a proposé d’étancher notre soif à l’aide de divers cocktails dont nous connaissions à peine le nom, mais dont nous avons apprécié les effets pervers. Cette fois-là, c’est tout à fait revigorés que nous avons franchi les quelques centaines de mètres qui nous séparaient de la ferme Thomas (2).
Là, nous avons tenté de reprendre nos esprits en épongeant l’alcool avec des tartines, mais, ou bien il n’y avait pas assez de tartines, ou bien il y avait trop d’alcool, mais certains éméchés s’en sont pris au matériel agricole, histoire de voir si on allait plus vite en tracteur qu’à pied. Après avoir percé le secret du bon vieil « International », deux sales gamins dont je tairai le nom se sont donc élancés dans le chemin, grisés par les chevaux débridés du bolide agreste (Oui, Roland, dans le « mauvais chemin » !). C’était sans compter sur Michel et Christiane qui, n’écoutant que leur courage, se lancèrent à la poursuite du tracteur en folie. Bientôt ramenés à la raison, dégrisés par le vent de la course, nos deux comparses ramenèrent sagement l’engin à la ferme où il fut rendu à son usage habituel.
Mais le temps passe, les kilomètres et les émotions ont bien rempli la journée. Grâce à quelques voitures, tout le monde se retrouve bientôt au bercail où une bonne nuit de sommeil efface les fatigues et … fixe les souvenirs.
(1) Cela se passait dans les années 60-70, avec la bande des Piret de Baulers (Claire, Marguerite, Thérèse, Anne, Jacques…), celle des Meurs d’Obaix (Philippe, Louis, Michel), Paule Plasman, Elie Janquart, et peut-être d’autres…
(2) Les photos proviennent de la revue « Entre Senne et Soignes » XLVIII (page 4) et XXXIII (7).