La ferme de Spilmont

Dans la généalogie Tamigneaux

 

 

Alain Graux vient de faire paraître dans « Nos tayons » (1) un article concernant la ferme de Spilmont, à Bois-de-Nivelles. Elle a été occupée par plusieurs générations de nos ancêtres TAMIGNEAUX.

La ferme de Spilmont se trouve à gauche de la route Nivelles-Gosselies, à Bois-de-Nivelles, en face du lieu-dit Hututu, peu avant le pont qui enjambe la ligne de chemin de fer Bruxelles-Charleroi (2). Elle voisine les sources de la Thines et la ferme de la Vieille Court. Elle faisait partie du fief de Rognon.

M. Graux donne 1598 comme citation la plus ancienne de cette ferme sous le nom « de Spilmont » : Jean Scorrenbroot, qui vend des rentes dues sur cette ferme à Charles Peterbu (3). Joseph Coppens, dans son dictionnaire (4), mentionne la prononciation « Spîy’mon » (Spiemon).

Selon M. Graux, notre ancêtre Jean Rémy Tamigneaux occupe la ferme en 1747 avec ses parents « âgés de 80 ans ».  Il s’agit probablement de la mère, Jeanne-Marie Warbecq, née à Ittre en 1673 et décédée à Nivelles le 4 juillet 1749, âgée d’un peu moins de 80 ans. Par contre, le père, Etienne Tamigneau était décédé, à Nivelles certes, mais déjà le 10 mars 1717, trente ans avant la date citée.

La ferme comprenait à cette époque 30 bonniers de terres. Jean Remy employait un valet et une servante. Il possédait deux chevaux, deux poulains, cinq vaches, une génisse et un veau.

La famille Tamineau (5) provenait de Ronquières où elle avait proliféré. Etienne Tamineau et son épouse Jeanne-Marie Warbecq étaient encore établis à Ronquières lors de la naissance de leur fils Charles, y baptisé en 1715. Etienne est né en 1654 : aurait-il repris une ferme à Nivelles à 61 ans, voire 63 ? Pour l’époque, cela fait âgé. On devrait plutôt imaginer qu’ils ont été accueillis par leur fils Jean-Remy. Il est vrai que l’épouse, elle, née en 1673, n’avait que 42 ou 44 ans.

Jean-Remy s’est donc installé à Nivelles, probablement déjà au Bois-de-Nivelles, puisque son père Etienne était paroissien de Saint Jean l’Evangéliste (6). Il succède sans doute, mais pas tout de suite, à Albert PIGEOLET cité censier de Spilmont encore vers 1735-36. (7). Les liens avec Ronquières sont loin d’être rompus, puisqu’il y épouse Marie Gertrude DELAMOTTE, baptisée à Ronquières le 22 septembre 1709, décédée à Nivelles le 26 décembre 1785, fille de Jean Joseph Delamotte et Jeanne Marie Pierart.

Jean-Remy (1712-1760) est décédé jeune : 48 ans. Marie-Getrude avait environ 36 ans lors du mariage. Il ne doit pas y avoir beaucoup plus que les trois enfants repérés … C’est le fils aîné, Pierre Joseph, né en 1751, qui prend la suite dans la ferme. Le second, Jean-Joseph, né en 1752, reprend, à Petit-Roeulx, une ferme importante qui n’est qu’à quelques petits kilomètres de là.

Pierre-Joseph épouse, tardivement, à 35 ans – mais c’est courant à l’époque -, sa cousine germaine Marie-Gertrude Delamotte. Le mariage a sans doute causé problème : outre la demande de dispense pour consanguinité, que l’on trouve dans les archives de l’Officialité de Nivelles, on s’aperçoit que la naissance du premier enfant a lieu 3 ans avant le mariage (8). Le baptême a lieu à Nivelles le 28 mars 1783 : sans doute que Marie-Joseph s’y trouvait déjà en ménage (?) ; en tout cas, cet enfant porte dès ce moment le nom de son père, et le même prénom, Pierre. Le mariage, lui, aura cependant lieu à Ronquières le 25 mai 1786.

Pierre-Joseph Tamigneaux et Marie-Gertrude Delamotte ont eu quatre garçons. L’aîné, Pierre-Joseph (1783-1840), comme son père, s’établira cultivateur à Buzet. Le second, Augustin (1788-1874), sera brasseur à Nivelles. Le troisième, notre ancêtre Remi-Joseph (1791-1862), restera sans doute dans la ferme de Spilmont aux débuts de son mariage, survenu tardivement en 1830. Son épouse, Marie-Colette Hargot, est passablement plus jeune : il a 39 ans, elle en a 21. C’est une voisine, qui habite de l’autre côté de la route, au lieu-dit Hututu, à 250 mètres à vol d’oiseau ; la maison est encore isolée de nos jours. Les premiers enfants naissent au Bois-de-Nivelles. Fin 1835, Remi achète la « Petite Cense » à la lisière du Bois de Sépulchre. Le couple aura 10 enfants, dont notre ancêtre Ferdinand (1845-1925).

C’est Félicien (1796-1866), le quatrième enfant de Pierre et Marie-Gertrude, qui occupera la ferme de Spilmont. Lorsque son frère Remi décède, les 4 derniers enfants sont encore mineurs. C’est lui, l’oncle Félicien, qui est désigné comme subrogé tuteur. Selon la tradition orale de famille, Marie Colette Hargot et les enfants ont du abandonner la Petite Cense et aller vivre chez Félicien ; les enfants s’étaient jurés de racheter la Petite Cense. Et de fait, Jean-Joseph et ses sœurs célibataires occuperont cette ferme durant des années, avant qu’elle ne revienne à Remy, fils de Ferdinand.

Félicien épouse Léonide Bomal, dont il n’aura qu’un enfant, Léonide, qui décèdera à l’âge de 5 ans. Resté sans héritier, la dynastie des Tamigneaux de Spilmont s’éteint. Parmi les fermiers qui lui succèderont, on trouve un certain Demanet (9).

Dès la fin du XIXe siècle, c’est une famille Charlier, issue d’Obaix, qui occupe la ferme. Depuis, quatre générations se sont succédées : Jérôme (Obaix 1866 – Nivelles 1926), qui épouse Maria Lecomte (Obaix 1863) ; Gaston (Courcelles 1898 ), qui épouse Eva-Jeanne Bury (Nivelles 1903) ; Raymond (Nivelles 1929) ; Bernard, enfin, qui rachète la ferme à Jeannine Francotte en 1983.

La ferme est actuellement exploitée par DelphineCharlier, la fille de Bernard, qui a épousé notre cousin Geoffrey Lories (10) en 2002.

Notes

  1. Supplément au Bulletin de la SANiv (Société d’Archéologie, d’Histoire et de Folklore de Nivelles et du Brabant wallon) n° 189, Octobre-décembre 2015.
  2. Autrefois, il y avait un passage à niveau.
  3. Il s’agit probablement de « Preterbu », patronyme que l’on retrouve plusieurs fois à Nivelles sous la forme « Pretherbu ».
  4. Joseph Coppens, Dictionnaire Aclot, 1950.
  5. Tamineau, la graphie la plus ancienne, qui se prononçait Taminiau, et qui donnera une multiplicité de graphies, dont Tamigneaux.
  6. Eglise détruite lors du bombardement de 1940, et désormais disparue.
  7. Albert Pigeolet avait épousé Marie Pigeolet. Leur épitaphe se trouve dans l’église des Récollets.
  8. Voir acte de légitimation chez le notaire Paradis le 7 février 1810.
  9. Cf. l’article d’Alain Graux p. 7.
  10.  Fils de Félix Lories et Thérèse Piret, petit fils d’Alfred Piret et Anne-Marie Gilot, arrière-petit-fils d’Adolphe Piret et Julia Tamigneaux.