Edouard Lebacq

La révocation du préfet du Collège de Nivelles

Edouard Lebacq avait épousé en secondes noces Eugénie Tumerelle, fille d’Adrien et de Marie Joseph Tamigneaux. Cette dernière est la soeur de Rémi Tamigneaux et donc la tante de Ferdinand, la grand tante de Julia Tamigneaux (voir crayon généalogique ci-après).

Le Collège communal de Nivelles était depuis 1605 et sous des “pouvoirs organisateurs” divers, le fleuron de l’enseignement nivellois. Il deviendra Athénée royal en 1919. Vers 1872, il avait été installé dans les anciens bâtiments des Récollets. La date correspond à l’année de la nomination de Jean-Joseph Carly comme échevin de Nivelles, avec Jules de Burlet comme bourgmestre. A cette époque, le collège communal était à très forte majorité catholique.

En 1862, Edouard Lebacq, instituteur, alors directeur de l’école moyenne de Houdeng Aimeries, fut appelé à Nivelles pour y devenir préfet des études et directeur du pensionnat. Qui était-il ?

Il était né à Buvrinnes le 6 Thermidor an VI (24 juillet 1798), fils de Célestin Lebacq, charron, originaire de Familleureux, et de Marie Louise Rochez. Il avait épousé en premières noces Marie-Elisa Demaret, née et domiciliée à Hoedeng-Aimeries. Celle-ci lui donna deux enfants, en 1840 et 1843. Elle décède à Houdeng-Aimeries le 15 janvier 1853.

Il se remarie à Houdeng-Goegnies avec Eugénie Ghislaine Tumerelle, née à Nivelles le 15 novembre 1814, fille d’Adrien Joseph Tumerelle, cultivateur au Bois de Nivelles et de Marie Josèphe Tamigneaux, fille de Pierre Joseph Tamigneaux et Marie Joseph Delamotte. Leurs six enfants naissent à Houdeng-Aimeries. La famille vient habiter Nivelles le 24 janvier 1863, suite à la nomination d’Edouard comme directeur du Collège.

Il était précédé d’une réputation flatteuse comme enseignant : en 1840, il avait repris et redressé l’école d’industrie d’Houdeng-Aimeries, l’ “Ecole Dieudonné Leclercq”, qui avait fermé ses portes en 1939. Son école devenue “Ecole Edouard Lebacq” devint école officielle de l’Etat en 1851.

Les dix premières années à la tête de l’institution nivelloise se passent le mieux du monde. Il est apprécié du bourgmestre libéral Albert Paradis, et il a l’oreille du gouvernement de Bruxelles dirigé par Charles Rogier.

Mais l’opinion catholique était hostile à ce préfet, sinon athée, en tout cas agnostique et libre-penseur. Paradoxalement, c’est lui qui était chargé, provisoirement, de l’instruction religieuse. En effet, la loi organique libérale de 1850 inscrivait l’instruction religieuse au programme, mais elle se bornait à déclarer que “les ministres des cultes seront invités à donner ou surveiller cet enseignement”. L’épiscopat, soutenu par le Saint Siège, était insatisfait de cette disposition ; il  refusait de jouer le jeu. A Nivelles, le clergé manifestait tacitement son désaccord en ne nommant personne pour assurer ces cours. Du coup, l’administration communale avait décidé de les confier provisoirement au préfet des études M. Lebacq.

Entretemps, la Convention d’Anvers de 1854 stipulait que “de facto, seul le clergé catholique est invité à professer le cours de religion” dans les écoles de l’Etat. Or, l’administration communale libérale de Nivelles n’exécuta pas cette disposition (comme d’autres communes du Brabant Wallon d’ailleurs).

Les choses changèrent lorsque, brusquement, en 1872, la majorité nivelloise fut aux mains des catholiques. A la rentrés de 1873, l’abbé Thiernesse fut nommé professeur de religion. Celui-ci subira une opposition acharnée, notamment de la part des élèves qui refuseront de participer à l’examen de religion. En 1874, lors de la distribution des prix au Collège, la proclamation soulève des tonnerres d’applaudissements pour les lauréats de toutes les disciplines, sauf pour le cours de religion qui ne recueille qu’un silence glacial.

On en rejette la faute sur le préfet M. Lebacq, “pas assez pénétré du rôle de la religion dans l’éducation”, “pas franchement catholique”. Pour preuve, il vient d’inscrire son fils cadet Ernest à l’Université libre de Bruxelles, ce qui constitue un choix philosophique et idéologique sans ambiguïté. De plus, beaucoup d’élèves issus du Collège s’inscrivaient dans cette université.

Il n’en faut pas plus : le conseil communal du 21 septembre 1874, sur l’avis unanime du bureau administratif du collège communal, révoque M. Lebacq et nomme deux remplaçants, l’un comme préfet des études, l’autre comme directeur de l’internat. Cependant, comme ces deux personnes retirent aussitôt leur candidature, M. Lebacq est maintenu provisoirement.

On ne peut reprocher aucune faute pédagogique ou administrative à M. Lebacq : des élèves obtiennent de brillants résultats dans des hautes écoles et la population scolaire augmente. Mais on lui reproche que plus aucune vocation religieuse ne soit née parmi les élèves…

Le couperet tombe le 31 janvier 1876 : la convention passée entre la Commune de Nivelles et M. Lebacq est dénoncée, celui-ci est révoqué. Le parti catholique exulte, l’opposition libérale est ulcérée, les remous et les polémiques autour du Collège dureront encore des années. Notamment autour du fait que l’établissement stagnera, puis le nombre d’élèves régressera pendant environ 20 ans. Après coup, on voit que d’autres raisons expliquent en partie ce recul : la création de nouveaux collèges à Charleroi, la Louvière et Soignies par exemple.

Quant à Edouard Lebacq, qui a 63 ans au moment de sa révocation, il quitte Nivelles pour s’installer à Genappe. Le 16 septembre 1877, il est nommé membre de la Commission des Hospices civils de cette localité, et il en deviendra le président quelques années plus tard. Sans doute aura-t-il reçu un excellent accueil de la part du très libéral et très anticlérical bourgmestre, le notaire Charles Berger.

Une promotion flatteuse lui mettra un peu de baume sur le coeur : par arrêté royal du 21 juillet 1880, il est fait Chevalier de l’Ordre de Léopold pour les services rendus à l’enseignement comme ancien directeur du collège communal de Nivelles.

Il décède le 17 février 1885, âgé de 71 ans.

Jean-François Meurs

D’après l’article de Raymond Horbach, “Un bourgmestre oublié : Jean Joseph Carly”, § 2. “La révocation du préfet Edouard Lebacq et ses conséquences”, dans les Annales de la Société royale d’Archéologie d’Histoire et de Folklore de Nivelles et du Brabant wallon, tome XXX-XXXI, 2010, pages 294-306


Crayon généalogique Tumerelle – Tamigneaux

V – Pierre Joseph TAMIGNEAUX

(Voir également dans la Généalogie Tamigneaux)

Fils de Jean Remy Taminiau et Marie Gertrude Delamotte, né à Nivelles le 4 janvier 1751, décédé à Bois-de-Nivelles le 27 juillet 1831. Il épouse à Ronquières le 25 mai 1786 (avec dispense pour consanguinité, sa cousine germaine) Marie Joseph DELAMOTTE, fille de Philippe Delamotte et de Jeanne Catherine Seret, née à Ronquières le 29 août 1753, décédée à Nivelles le 26 juin 1822, « fille de cense ».

Dont :

  1. Pierre Joseph, né à Nivelles le 28 mars 1783 (voir acte de légitimation chez le notaire Paradis le 7 février 1810), décédé à Buzet le 15 mai 1840, âgé de 58 ans, cultivateur. Il épouse à Nivelles le 21 février 1810 (témoins Nicolas Ballieu, cousin de l’époux, Alexis Parent, ami des époux, Pierre Joseph Gaudy, cousin de l’épouse, Louis Cockart, ami des époux) Marie Catherine BARBIER, née à Nivelles le 2 janvier 1783, fille de François Joseph Barbier, cultivateur, et Marie Gertrude CANARD (de Bornival).
  2. Augustin Joseph, né à Nivelles le 22 septembre 1788, y décédé rue des Vieilles prisons le 14 janvier 1874, négociant (brasseur, cabaretier, jardinier). Il épouse à Nivelles le 17 février 1815 Angélique Ghislaine HAIRIET, née à Nivelles le 10 janvier 1796, y décédée le 16 septembre 1872. L’Atlas cadastral de Popp renseigne qu’Augustin possédait une maison avec cour à la rue des Vieilles prisons. Dont postérité.
  3. Marie Joseph, née à Nivelles vers 1790, décédée au Bois de Nivelles le 23 janvier 1824, âgée de 34 ans. Dont :

    3.1 Adrien Joseph Tamigneau, légitimé TUMERELLE, né à Nivelles le 3 février 1811, jumeau d’Augustin. Il épouse à Petit Roeulx lez Nivelles le 9 janvier 1839 (témoins Hubert Tumerelle, employé, 24 ans, frère ; Félicien Tamigniau, fermier, 43 ans, oncle ; Adrien Tumerelle, 28 ans, sans profession, frère, domicilié à Cortil, Firmin J. Dubois, meunier, 21 ans, cousin à l’épouse, d’Obaix ; Firmin a tenu le moulin du Clipotia à Rosseignies) Clémentine LIENARD, cultivatrice à Petit-Roeulx, y née le 4 septembre 1807, fille d’Alexis et Marie Norbertine DUBOIS (décédée à Petit Roeulx le 8 janvier 1837). Dont :

    3.1.1 Auguste Eugène Joseph Clément Ghislain Tumerelle, né à Petit Roeulx lez Nivelles le 2 octobre 1839

    3.1.2 Alphonse Hubert Marie Tumerelle, né à Petit Roeulx lez Nivelles le 30 décembre 1840

    3.2 Augustin Joseph Tamigneau, légitimé TUMERELLE, né à Nivelles le 3 février 1811

    3.3 Hubert Joseph, né à Nivelles le 15 novembre 1814, jumeau d’Eugénie (ci-après), décédé à Nivelles le 12 septembre 1885, fermier. Il épouse Marie Odile Alexandrine Ghislaine HERMAN, fermière, née à Ittre le 15 septembre 1814, fille de Daniel Joseph et Marie Thérèse DULIER. Marie Odile Herman est décédée à Nivelles, faubourg de Bruxelles, le 17 avril 1889, veuve de Charles Emmanuel Joseph Lisart et d’Hubert Joseph Tumerelle. Dont  :

    3.3.1 Sans doute Odile, née à Nivelles le 23 mai 1845, y décédée le 12 mars 1930, épouse d’Alexandre MINET ; Sans postérité.

    3.3.2 Ernest Adrien Ghislain ° Nivelles le 15 juin 1847, décédé à Nivelles le 29 août 1891, cultivateur, sans alliance.

    3.4 Eugénie Ghislaine, née à Nivelles le 15 novembre 1814, jumelle d’Hubert (ci-dessus). Elle épouse à Houdeng-Goegnies le 17 juillet 1843 Edouard Lebacq, né à Buvrinnes le 19 août 1813, fils de Célestin Lebacq et de Marie-Louise Rochez, veuf de Marie-Elisa Demaret. Instituteur. Dont 6 enfants nés entre 1844 et 1854. Directeur du Collège de Nivelles : voir article de la ASAN XXX-XXXI pages 294 sq.

  4. Remi Joseph, né à Nivelles le 24 juin 1791, y décédé le 21 décembre 1862, notre ancêtre, voir la généalogie Tamigneaux.
  5. Julie Joseph Ghislaine, née à Nivelles le 21 mars 1793, fermière. Elle épouse en premières noces à Nivelles en 1826 (témoins Augustin Tamigneau, Félicien Tamigneau, Adrien Tumerelle) Charles Joseph MARCHANT, décédé à Nivelles le 20 juillet 1830. Elle épouse en secondes noces à Nivelles le 26 avril 1832 Jean-François ROGY, né à Frasnes le 20 avril 1800, cordonnier, domicilié à Nivelles, fils de Jean-Baptiste et Marie-Thérèse Debolles domiciliés à Frasnes. Elle est toujours fermière lors de son second mariage… J’ignore s’il y a postérité.
  6. Félicien Joseph, né à Nivelles le 15 janvier (ou le 14 mai) 1796, décédé à Nivelles le 2 juillet 1866 au Hameau de Bois de Nivelles. Il occupait la « ferme de Spilmont ». Selon la tradition familiale, à la mort de Remi Tamigneaux (voir ci-dessous en VI), sa veuve Marie Colette Hargot et ses enfants (dont Ferdinand) ont été accueillis par l’oncle Félicien. Il épouse à Nivelles le 25 septembre 1833 Léonide Marie Ghislaine BOMAL, née à Nivelles le 15 mars 1811, y décédée le 1er août 1869, fille de François Joseph et Ernestine SQUILBEEK, cultivateurs domiciliés à Nivelles. Dont :

    6.1 Léonide Ghislaine, née en 1833, décédée à Nivelles en 1838 âgée de 5 ans.