De Poznan à Chambéry

La généalogie ajoute un intérêt à la visite de certains lieux, parce qu’elle rend attentif à l’Histoire. Cet été, je suis passé par deux villes qui prennent, pour la famille Meurs, un relief particulier. Visite à des ancêtres lointains et inattendus…

Poznan d’abord. Je me suis rendu en Pologne avec un groupe d’une bonne cinquantaine de jeunes, de 14 à 24 ans, pour un camp chantier. Au cours du voyage de retour, nous avons fait arrêt à la ville nordique de Poznan, et plus particulièrement, nous avons clôturé notre animation dans la cathédrale. Pendant que les jeunes achevaient leur pique-nique et jouaient sur la place assez vaste devant l’édifice de briques, qui n’a rien de remarquable, je suis allé visiter les sous-sols de la cathédrale. Je savais que les premiers rois de Pologne y avaient été inhumés.

En parcourant les dynasties auxquelles les racines “Meurs” se rattachent, mon attention avait été attirée par le nom de “Premysl », à propos d’Elisabeth de Bohême. Ce nom sonnait pour moi polonais. Je me suis donc attaché à remonter la filière, qui me conduisit d’abord à Prague, chez les tchèques, avant de remonter à la Pologne.

Les vestiges sous la cathédrale ne sont guère impressionnants, il ne reste pratiquement rien des sépultures de ces personnages.

On y trouve la tombe de Mieszko 1er, né vers 935, décédé à Poznan le 25 mai 992, et celle de son fils aîné Boleslaw 1er Chrobry, surnommé le vaillant, né en 967 et décédé le 17 juin 1025. Il est le premier à être couronné roi de Pologne, le 18 avril 1025. Ces deux personnages ont réuni des territoires suffisamment grands que pour s’imposer aux « grands » des alentours. La suite de l’histoire conduira les rois de Pologne à s’installer à Cracovie. 

 

En août, je me suis rendu à Chambéry pour la traditionnelle session d’été du comité de rédaction de la revue « Don Bosco Aujourd’hui ». Je me suis rendu à l’abbaye de Hautecombe, qui fut le lieu d’inhumation des Ducs de Savoie.

Plusieurs filières généalogiques nous ramènent à cette famille prestigieuse qui a établi des alliances avec les familles royales de France, d’Angleterre et d’Espagne. Les ducs de Savoie deviendront aussi rois de Piémont et d’Italie. En ce qui nous concerne, je retiens :

Humbert II de Savoie, né après 1065, décédé en 1103. Sa fille, Adèle de Savoie, née vers 1100, décédée en 1154 est l’épouse du roi de France Louis VI le Gros. Pour rappel, les Capétiens sont nos ancêtres par le duc de Bourgogne Jean sans Peur.

Amédée III de Savoie, 1095-1149, dont une fille, Mathilde (ou Mahaut), née vers 1125, morte en 1158, épouse d’Alphonse 1er de Portugal. Dont une fille, Urraque, épouse Ferdinand II de León, ancêtre des rois de Castille auxquels nous remontons.

Thomas 1er, duc de Savoie, dont la fille Béatrice épousa en 1219 Raimond Bérenger IV, Comte de Provence (vers 1198 – 1245).

Leurs fille aînée, Marguerite de Provence (1221-1295) épousa le roi de France Louis IX, dont nous descendons. Leur seconde fille, Eléonore (1223-1291) épousa en 1236 le roi d’Angleterre Henri III, ancêtre des ducs de Brabant, dont nous descendons également. Ils sont aussi ancêtres des rois de Léon et de Castille.

L’église actuelle de Hautecombe est plutôt récente : tombée en ruines après la révolution française, elle fut reconstruite par le roi d’Italie Charles-Félix et son épouse la reine Marie-Christine. Dans un style gothique flamboyant qualifié de « troubadour » par le guide Michelin, quelque chose de surchargé, dans le goût du romantisme italien. Ce roi d’Italie avait voulu mettre ses ancêtres en valeur, et a commandé une série de cénotaphes pour mettre en valeur plusieurs personnages. Parmi ceux-ci, celui de Béatrice de Savoie. A l’époque de Charles-Félix, la Savoie faisait toujours partie du royaume de Piémont et de la future Italie. Ce n’est qu’en 1860, il y a donc 150 ans, que celle-ci devint française.

L’abbaye occupe un site remarquable au bord du lac du Bourget et la promenade vaut vraiment le coup, surtout l’approche par le col du Chat. Elle est aujourd’hui habitée et animée par la Communauté du Chemin neuf, qui rassemble des prêtres, des religieux, des célibataires et de couples. Elle est même un des lieux de formation de ce mouvement chrétien qui rassemble des jeune italiens, français, canadiens, etc.

Jean-François