En souvenir d’Edgard Molle

 

Il est né à Luttre le 26 juin 1921, et il est décédé à Frasnes-lez-Gosselies le 29 juin 2009.

Il avait à peine 19 ans au moment de l’invasion allemande de 1940. Comme tous les jeunes gens de son âge, il a suivi l’ordre de marche qui lui disait de rejoindre les armées près de Boulogne, afin d’y former un régiment. Il y a assisté à la débâcle de l’armée française, les soldats jetaient leurs armes et leurs symboles militaires. Avec ses compagnons, il s’est retouvé sans ordres ni consignes, rien n’était organisé. Il a décidé d’aller vers la Somme avec l’idée de passer en Angleterre, mais finalement, il a aidé des militaires français à transporter les blessés d’un bombardement. Pendant la nuit, à l’infirmerie, les officiers français ont fichu le camp et il s’est retrouvé seul à soigner les blessés et les malades. Il a assisté à des scènes terribles qui l’ont marqué pour toujours et qu’il a racontées en pleurant à la fin de sa vie. Il est rentré chez lui à pieds : il était méconnaissable quand il est arrivé à Luttre.

Plus tard, toujours pendant la guerre, il a du se cacher. Il avait reçu une lettre de condamnation à mort par les rexistes. Ceux-ci visaient les “personnalités”, le curé, l’instituteur, …

Il aurait voulu être menuisier. Ses parents ont voulu qu’il soit instituteur, et il a été un bon instituteur, fort apprécié, puis directeur d’école à Luttre.

Il a été touché par la maladie d’Alzheimer pendant les huit dernières années de sa vie, et il a passé ses cinq dernières années dans une maison de repos.

Avec Francine D’Heure, son épouse, il a élevé neuf enfants, qui lui ont donné de nombreux petits-enfants. Pendant la cérémonie des funérailles, une dizaine de ses arrière-petits-enfants ont fait une ronde autour du cercueil.

Marie-Chantal a écrit le texte ci-dessous qui a été lu pendant la célébration :

 

Papa ,

Je te croyais insubmersible et voilà que tu nous quittes …

Je t’ai toujours admiré pour ton courage, ton savoir et ta force de vie.
Je t’admire pour ta dignité dans la maladie qui t’a dégradé à petit feu.

Je me souviendrai toujours de ton bonheur dans ton jardin ou en promenade dans les chemins de campagne.

Je me souviendrai toujours des airs du temps passé que tu aimais chanter, de ta musique classique qui me barbait et de ta joie de vivre qui éclatait quand tu jouais du piano ou que tu te mettais à danser.

Je me souviendrai toujours de tes larmes quand tu parlais de la guerre qui t’a meurtri alors que tu n’avais que 20 ans.

Je me souviendrai toujours de ta tendresse …

Et pour tout cela, je te remercie …

 

La famille Molle est bien connue à Luttre. Le papa d’Edgar était photographe artiste. Un oncle Félicien a écrit des poèmes et des récits en wallon. Plusieurs sont allés au Congo entre les deux guerres… Il existe une rue Félicien Molle à Luttre.

Jean-François Meurs