Correction à la généalogie Tamineau de Goffin

Pourquoi François Tamineau, époux de Françoise Marcq, n’est pas le fils de Jean Tamineau et Marguerite Lermineau.

René Goffin, dans sa généalogie Tamineau publiée dans les « Généalogies nivelloises » (Annales de la Société Archéologique & Folklorique de Nivelles et du Brabant Wallon, tome XVIII, 1959, pages 207) fait de François Tamineau, époux de Françoise Marcq, le fils de Jehan Tamineau, meunier à Ronquières, époux de Marguerite Lermineau.

Il y a toutes les raisons de penser que Monsieur René Goffin s’est trompé.

1°, L’épitaphier de Bornival

Dans sa généalogie, René Goffin dit que Jehan Tamineau fils de Loys est décédé à Ronquières en 1614. On ne peut l’identifier à Jean Lermineau époux de Marguerite Lermineau. Ce couple a en effet vécu à Bornival, et y a été enterré. L’épitaphier de Bornival, publié par Emile de Lalieux, en témoigne :

Yci repose le corp de
JAN TAMINEAU en son temps
Eschevin de Bornivalle
Lespasse de 37 ans qui
trespassa le 22 décembre
1641 eage de 72 ans
et Marguerite Lerminau
son espeuse decedez
le 21 decembre l’an 1622
Eagee de 60 ans Priez
Dieu pour leurs ames

On découvre une première différence, peut-être une confusion due à une inversion facile de des deux derniers chiffres des dates indiquées (14 et 41) : le décès de Jehan, fils de Loys, en 1614 et le décès de Jean Tamineau en 1641.

2°, Des actes transcrits par le curé de Bornival

Le curé de Bornival transcrit des actes intéressants, parce que son Eglise en est bénéficiaire. Ces actes confirment les données de l’épitaphier, malgré une erreur, compréhensible, de transcription : il confond au moins une fois les noms de Tamineau et Lermineau.

En premier lieu, l’acte de partage des biens et fondation de deux obits, du 10 septembre 1641 (GSN Bornival, acte 5, 10 septembre 1641) :

Pardevant eschevins de Bornival en bas denommez, comparut personnellement Jan Tamineau le viel, lequel nous a remonstre que sur le cinquième d’avril 1638 il aurait consenti que partage seroit esté fait, d’entre Jean Tamineau son fils et Henri Claire marit et baille de Marguerite Tamineau sa fille, par lequel il a retenu puissance de pouvoir disposer en aultrent des parties suivantes si comme d’un bonnier de terre joindant … … lequel il laisse et ordonne à Anne Marie Tamineau fille de Jean son fils, … à Marie Claire fille de Henry 10 florins de rente.. Item laisse et ordonne à l’Eglise dudict Bornival vingt patars de rente qui a droit de recepvoir sur l’heritage de Nicolas Boucqueau gisante en la grande rue joindant aux terres du Seigneur dont laditte eglise jouirat immediatement après le décès dudict comparant a jour de son eschéance et ainsi d’an en an jusques le rachapt, et advenant ledit rachapt veut que les deniers provenants soyent employés par le curé, mayeur et mambours, et autres à l’achapt d’autre semblable rente de vingt patars, finalement laisse trente patars de rente pour estre celebre deux obits par chacun an en laditte eglise de Bornival, l’un pour l’âme dudict Jean Tamineau, et l’autre pour feue Marguerite Tamineau (ndlr, sans doute Lerminiau , probablement une faute de transcription, voir document ci-après) sa femme, dont le pasteur en aura pour chacun 10 patars et le clercq cinq patars, vueillant semblablement en cas de rachapt que les deniers en provenant soyent remployés en l’achapt de semblable rente, retenant iceluy comparant de pouvoir cesluy changer, croistre, diminuer, si le trouve convenir en accordant cassation de toutes autres volontés, testaments… Ainsi fait et passé et stipulé sans fraude et malenghien en présence de Jan Boucqueau et Jan Gaillier eschevins pareillement ledit comparant avec les dicts Eschevins pour approbation de vérité apposé leurs signatures ordinaires ce jourd’hui dixiesme de 7bre 1641. L’originelle minutte est reposante chez Anthoine fortemps greffier. Coppié par moy Pierre Thimez pasteur de Bornival.

Cet acte est combiné avec le n° 6 du 10 septembre 1641 : Cet acte n° 6 est l’acte authentique à partir duquel l’acte n° 5 a été recopié : à l’endroit ou on parle des obits il est dit :

« lung pour l’ame dudit Jan Tamineau et l’aultre pour feue Margueritte Lermineau sa femme » (et non Tamineau comme à l’acte 5). Signé : A. Fortamps greffier 1641, Jan Tamineau, Jean du Gaillier et Jan Boucqueau.

Ainsi donc, Jean Tamineau, époux de Marguerite Lermineau vivait toujours en 1641.

3°, un petit calcul ajoute encore un doute supplémentaire

Selon l’épitaphe, Marguerite est morte en 1622, âgée de 60 ans. Elle est donc née en 1562 ou environ. Il est vrai que les indications concernant l’âge sont assez souvent imprécises, mais un petit calcul apporte quand même un éclairage intéressant :

Marguerite serait grand-mère à 30 ans. En effet, son supposé fils François se marie en 1592, et a son premier enfant (avec Françoise Marcq) en 1593, à savoir Jean, baptisé à Ronquières en 1593. 30 ans d’écart, c’est peu, cela suppose qu’elle s’est mariée et a été mère vers 15 ans, et que son fils a fait pareil ! …

4°, Le couple Jean Tamineau et Marguerite Lermineau a vécu à Bornival et non à Ronquières.

Les greffes scabinaux de Bornival conservent quantité de documents qui attestent que le couple Jean Tamineau et Marguerite Lermineau a vécu à Bornival. René Goffin, qui affirme que Jehan Tamineau fut meunier à Ronquières depuis 1585 ne cite, de son côté, aucun document.
Jamais les documents de Bornival ne font allusion au métier de meunier à Ronquières. Il est par contre cité comme homme de fief de Bornival, échevin, propriétaire de la ferme de Pourbaix et d’autres biens situés à Bornival.

5°, François n’est jamais cité comme enfant de Jean Tamineau et Marguerite Lermineau

Je ne trouve aucune confirmation de cette filiation par quelque document que ce soit. Dans les documents qui figurent dans les greffes scabinaux de Bornival, il n’est jamais question que de deux enfants : Jean et Marguerite. Pas de François !

Conclusion

Voilà pourquoi je pense qu’il faut absolument corriger le travail de Mr René Goffin, et avertir les nombreux chercheurs qui intègrent la généalogie de Goffin dans leurs travaux sans prendre le recul nécessaire.

Jean-François Meurs