Marguerite Piette


Descendance de Maximilien Meurs

Née à Ecaussinnes-d’Enghien le 20 novembre 1923, décédée à Bruxelles le 13 janvier 2005. Fille de René Piette et Marthe Debacker, petite-fille d’Aimé Debacker et Aurélie Meurs. Epouse de Gérard Bastin (1925-1992).

Elle a tenu un commerce d’oiseaux à Bruxelles, rue de Mérode : « La Volière », avec un épisode de quelques années dans une petite ferme du Tarn.

Les textes qui suivent ont été dits lors de la célébration des funérailles, à l’église Sainte-Anne de Waterloo, le 18 janvier 2005.





Chère maman.

Tu as mis la clé sous le paillasson et éteint les fourneaux.
L’auberge des Bastin a fermé ses portes.

Tous ceux qui sont passés à la maison, rue de Mérode, dans le Tarn, à Waterloo, se souviendront de cette maison toujours ouverte et de la table que tu garnissais avec amour, pour la famille, pour les amis, ceux qui passaient.
Et Dieu sait s’il en est passé, du temps du temps où j’étais chevelu !
Papa à ses divines bouteilles et toi à tes petits plats mitonnés, vous ravissiez les cœurs et les estomacs des jeunes et aussi des moins jeunes. Des becs sucrés et des amis des « joyeux matins ».

L’accueil est un mot que tu n’as pas dû apprendre.
Toujours souriante aux autres, pour les uns tu étais Madame Bastin, Margot, Gogo, pour les autres, Tante Go, Go, et plus tard Maguitte pour Gilles et Antoine.

L’application que tu mettais dans ta cuisine, tu l’as mise dans toutes les choses de la vie.
Dans le travail, bien sûr, ne comptant ni les heures, ni la fatigue… seul importait le travail bien fait.
Papa avait cette expression assez juste : « Marguerite est une douce obstinée ».
Obstinée certes, minutieuse, mais aussi douée.

Tu avais de l’or dans les mains.
Le dessin.
J’ai retrouvé les travaux réalisés au cours de tes études de couture et stylisme.
Croquis, esquisses et aquarelles superbes des vêtements que tu créais.
Et puis, le tissage, la broderie.
La dentelle enfin.

Toute ta vie, sans cesse, tu as remis les ouvrages sur le métier.
Je dis ouvrage, mais je pourrais dire aussi dévouement.
Dévouée aux autres, tu donnais sans compter, sans jamais rechigner.
Présente et déterminée mais avec simplicité.
Papa et toi aviez horreur de la grandiloquence et de la prétention.

J’ai parlé d’ouverture et je voudrais y revenir.
Tu étais ouverte aux autres mais aussi tolérante.
Ouverte d’esprit et respectueuse des autres.
En mère attentive et aimante, combien t’aura-t-il fallu de patience pour supporter mes frasques soixante-huitardes – je pourrais dire soixante-huitartes.

Chère Maman, en étant ce que tu étais, tu m’as donné infiniment et plus.
Cela m’a fait et me soutient.
Je peux m’y appuyer avec confiance.
Je te dis merci.
Je te dis merci et te laisse, car là-haut, ils t’attendent impatiemment pour une petite ripaille dont tu as le secret.

Philippe

Seigneur, Si tu savais…

Tout à l’heure, tu nous as parlé du jugement dernier ;
S’il existe vraiment un paradis, pour nous tous présents ici ou en pensées,
Ça, c’est sûr, Marguerite a pris la voie directe,
Pour nous, elle y est déjà, au Paradis.
Mais bon, c’est toi qui décides. Alors, s’il subsiste encore un petit doute,
Écoute bien…

A sa naissance, tu lui as donné toute une série de qualités,
et tu lui as dit comme tu dis à tous les bébés :
« Va, petite fille, fais ton chemin, je serai avec toi quand tu le voudras,
et surtout n’oublie pas, fais fructifier tous les talents que je t’ai donnés. »
Alors, Seigneur, nous sommes témoins pour te dire que ses qualités,
Marguerite les a fait fructifier, car on en a bien profité.

Tout d’abord, tu lui as donné une patience d’ange et des doigts de fée,
le sens du toucher et le goût du travail bien fait.
Comme Philippe l’a rappelé tout à l’heure,
maniant des centaines de pelotes de laine aux couleurs, épaisseurs et textures multiples,
Marguerite a filé, tissé, crocheté, tricoté…
Fils ou coton, boutons, agrafes ou pressions par milliers ne lui ont pas résisté,
Te rends-tu compte de tout ce qu’elle a réalisé ?
Fourmi infatigable, mais pas celle de la fable, car avec sa générosité,
Maguite a presque tout distribué.

Ensuite, tu lui as donné le goût des autres, le sens de l’amitié
et avec ça des papilles hyper développées.
De la cuisine et des grands cuisiniers, Marguerite connaît tous les secrets,
Impossible de tous les énumérer,
Tu n’as qu’à lui demander, nous on en aurait pour la journée,
Seigneur, je t’assure, avec elle tu vas bien te régaler.

Enfin, tu lui as donné le sens de l’amitié,
car ça, je peux te le dire, jamais elle n’a jugé ou critiqué.
Les différences de races, de couleurs, de religions, de pensées,
peu importe, pour elle, ce qui comptait, c’était la joie de l’amour partagé.

Fine dentellière, habile couturière, parfaite cuisinière,
Tendre maman, délicieuse grand-mère, gentille belle-mère,
Oh Seigneur, comme tu le sais, Marguerite va bien nous manquer.
Alors, surtout, tâche d’en profiter et garde-là pour l’éternité.

Claire,
Waterloo, le 17 janvier 2005